Vêtement gender fluid : définition, styles et tendances 2025

La neutralité de genre n’a jamais constitué une norme dominante dans l’histoire de l’habillement, malgré des figures emblématiques et des périodes de transgression. Certaines maisons de couture continuent pourtant d’ignorer les divisions traditionnelles sans perte d’influence, tandis que l’industrie du prêt-à-porter maintient souvent des collections genrées à des fins commerciales.Des labels émergents s’imposent désormais auprès d’une clientèle internationale en refusant toute catégorisation binaire. Cette dynamique rebattre les cartes de la création, du marketing et de l’expression individuelle, en phase avec l’évolution des attentes sociétales et des références culturelles mondiales.

Le gender fluid dans la mode : comprendre le phénomène et ses origines

Le gender fluid évoque une identité fluctuante, qui glisse hors des cases traditionnelles d’homme ou de femme. Inscrit dans le spectre de la non-binarité, ce concept interroge nos définitions habituelles du genre et la façon dont la société l’enferme dans des vêtements, des postures, des attentes. Aujourd’hui, la mode saisit cette impulsion pour inventer de nouveaux territoires esthétiques, libres des séparations classiques entre masculin et féminin.

Dans ce mouvement, le drapeau gender fluid imaginé par JJ Poole s’est instauré en symbole fort. Ses cinq bandes, rose, blanc, violet, noir et bleu, traduisent la pluralité du genre : féminité, ouverture à toutes les identités, mélange, absence de genre, masculinité. Ce langage visuel traduit le vécu de personnes comme Camille ou Sacha, qui choisissent chaque jour des tenues sans se plier à l’une ou l’autre catégorie et revendiquent cette pluralité autant dans leur apparence que dans leur discours.

Exemple frappant : À Paris, une marque nommée Genderfluid propose des collections pensées pour la personne, pas pour un genre. Sous la direction créative de Soull, l’étiquette disparaît, et chaque ligne invite à réinventer sa propre allure, sans se soucier des conventions. Même dans l’univers du parfum, la maison va plus loin et collabore avec des créateurs pour créer des essences qui échappent à toute classification.

Loin de se limiter à un simple engouement passager, la mode gender fluid cristallise un tournant : soigner sa présentation devient le reflet d’une évolution de société qui cherche à dépasser les oppositions. Les lignes unisexes, la multiplication des genres vestimentaires, ou leur dissolution pure et simple, renouvellent en profondeur l’esthétique contemporaine.

Pourquoi la frontière entre vêtements masculins et féminins s’estompe-t-elle aujourd’hui ?

Longtemps, le genre a collé aux vêtements comme une étiquette indéracinable. L’activisme LGBTQ+ et les mouvements sociaux déséquilibrent ce découpage rigide. Ce qui hier symbolisait la conformité devient aujourd’hui un outil d’affirmation de soi, de résistance aux règles établies. La philosophe Judith Butler, dans « Gender Trouble », sonde la notion de performativité du genre, et la mode, miroir de ces transformations, brouille à son tour les codes des rayons homme/femme.

Aujourd’hui, les nouvelles générations n’acceptent plus l’arbitraire. Une jupe ou un pantalon droit ne demandent plus d’explications. Chacun s’approprie la coupe qui lui ressemble. Pour Alice Pfeiffer, journaliste et chercheuse, la vague no gender s’inscrit au cœur des gender studies : la ligne de séparation vestimentaire disparaît, simple constat d’une société aux trajectoires multiples, bien loin de la case unique.

Les réseaux sociaux, eux, accélèrent ce brouillage. Sur Instagram ou TikTok, des styles venus de tous horizons exposent et banalisent cette mixité. Les marques de prêt-à-porter emboîtent le pas, avec des coupes neutres, des campagnes où l’on ne distingue plus le masculin du féminin, et des collections unisexes qui reflètent la transformation du regard porté sur le vêtement.

Styles, inspirations et marques qui font bouger les lignes en 2025

Sur les podiums, la mode gender fluid devient un laboratoire d’audace. Chaque créateur s’en empare à sa façon : chez Gucci, Alessandro Michele propose des vestes surdimensionnées et des accessoires radicalement affranchis des repères anciens. Chez Balenciaga, Demna imagine des lignes hybrides où les volumes flottent d’un genre à l’autre. Quant à Stella McCartney, elle façonne des collections “hors-cadre” dès leur conception.

Sur la scène indépendante, la créativité s’affirme tout aussi vivement. À Berlin, Marco Scaiano multiplie les silhouettes unisexe qui oscillent entre ampleur et sobriété, jamais assignées. À Milan, Marco Rambaldi compose en dehors des cloisonnements habituels. De son côté, Harris Reed à Londres célèbre la fluidité du genre en mariant tulle, broderies et tailleurs déstructurés. Charles Jeffrey, quant à lui, fait entrer la culture clubbing et l’esthétique victorienne dans la danse, bousculant toutes les catégories.

Figures et références

Quelques références incarnent ce renversement des codes vestimentaires :

  • Jean-Paul Gaultier surprend en faisant défiler des hommes en jupe dès les années 1980.
  • Marlene Dietrich s’affirme sur les tapis rouges et à l’écran avec des smokings taillés sur-mesure.
  • L’androgynie assumée de David Bowie traverse les décennies et inspire toujours créateurs et créatrices.
  • Rain Dove, Alok Vaid-Menon ou Andreja Pejic mettent en avant la visibilité non-binaire, aussi bien sur les réseaux sociaux qu’au sein des campagnes pour de grandes maisons.

Des labels comme Genderfluid à Paris conjuguent créations originales, démarche éthique et réflexions éco-responsables. Chaque collection se veut inclusive, pensée pour toutes les morphologies et conçue en rupture avec les vieux schémas.

Modèle solo en style mixte tendance 2025 en studio

Vers une mode plus inclusive : quelles tendances et perspectives pour demain ?

La mode gender fluid évolue, adoptée par des groupes internationaux qui adaptent leurs collections à cette nouvelle donne. La tech n’est pas en reste, proposant dans ses interfaces des options non binaires dès la première connexion. Les ateliers s’engagent aussi sur un autre plan, privilégiant matières durables et textiles recyclés, pour lier choix stylistique et responsabilité écologique.

Tous les vêtements ne sont pas accessibles partout avec la même aisance. Malgré l’ouverture médiatique, la reconnaissance sociale et la visibilité des personnes gender fluid avancent à des rythmes inégaux. Des associations interviennent pour soutenir familles et établissements scolaires, tandis que les marques cherchent à créer des pièces s’adaptant à toutes les silhouettes, sans sombrer dans l’uniformité.

Le secteur trace un chemin où chaque tenue devient manifeste. Sur les podiums, dans la rue et en ligne, la diversité gagne le terrain. Les collections organisées selon le genre s’effacent peu à peu : place au confort, à l’expression individuelle, à l’allure et à l’audace.

La production locale, les circuits courts et le respect de l’environnement deviennent le credo de nombreux créateurs. Les marques gender fluid, souvent pionnières, refusent la standardisation et interrogent la fonction même du vêtement.

Sur le bitume, en boutique ou devant son miroir, chacun réinvente, chaque jour, son espace d’expression. Un cap franchi. Reste à imaginer jusqu’où peut se déployer cette créativité débridée.